En fait, les échos sur Gili Air sont trop attrayants ! on succombe aux appels du large. C'est une de ces îles hors du temps, rythmée seulement par le pas des chevaux tirant des carrioles et des marées. Les voitures sont interdites et l'île ne souffre pas trop du commerce touristique : elle garde toute son authenticité. Les fermes des locaux au centre privilégient l'élevage car l'agriculture est rendue impossible du fait d'une terre trop salée. Nous découvrons d'ailleurs que la seule eau disponible dans les logements est désalinisée par les couches de terres (donc imbuvable + pas évident de laver le linge). Seul le coprah, par l'exploitation de cocoteraie, est exporté ; la pêche est bien entendue à l'honneur et on voit souvent les familles à marée basse en fin d'après midi faire la pêche à pied pour récolter oursins, petits poissons, coquillages...
Tout le reste est charrié par bateau de Lombok ou Bali (fruits, légumes, farine, jusqu'au parpaings pour les constructions débarqués par les femmes qui les transportent à même la tête soit une sacrée charge : pas moins de 10 à chaque passage, sachant qu'il faut s'extraire de l'eau jusqu'à la taille pour les déposer sur la terre ferme).
Les plages sont rarement sablonneuses et essentiellement constituées de coraux morts (essentiellement dû au phénomène de El Nino et pêche anciennement à la dynamite). A marée haute, le matin pour nous il faut s'éloigner d'une bonne centaine de mètres pour snorkler au dessus des patates de corail et des poissons de toutes les couleurs. Avec un peu de chance, vous pouvez croiser une tortue mais c'est sur la plus petite île des Gili (Meno) que vous serez à peu près sûrs d'en approcher, voire si les conditions sont favorables d'admirer la nurserie des tortues avec des centaines de petites carapaces en pleine apprentissage de la vie sous marine.
Pour notre part, nous avons choisi de ne plus courir. La fatigue physique, nerveuse voire intellectuelle (je ne peux plus lire une page de guide) s'est insidieusement accumulée et il devient nécessaire de faire une nouvelle pose pour profiter de la fin du voyage. Cela tombe bien : nos amis aussi...D'autre part, si on veut faire deux trois plongées sans incident (on ne va pas recommencer le sketch de Fakarava), il nous faut nous calmer ! Donc au programme, petit dej face à la mer, snorkeling, repas, sieste, voire massage si l'envie vous en prend, promenade (la ballade autour de l'île et à l'intérieur vaut la peine) pour le coucher de soleil (vers 18H), douche (salée) puis choix du resto (le plus dur !) et apéritif à l'arak lemon honey (alcool de riz/citron/miel) qui n'est pas sans rappeler le pisco sour sud américain, discussions, dodo... En tout cas, plus de contraintes logistiques, la même maison pour que les enfants aient un repère, ne plus se poser de questions sur ce qu'on va faire les jours suivants et porfiter du présent... Quoique, le retour sur Paris nous travaille toujours... et on doit régler à distance les soucis administratifs (locataires qui partent plus tôt que prévu, les impots, les virements entre banques... merci aux mamans) et on essaie de rattraper le retard sur le site (pas des moindres plus d'un mois de retard).
Cerise sur le gâteau, Bernard, un français ayant découvert l'île il y a 15 ans et qui s'y est installé avec l'aide de locaux pour monter le cottage Sébu, se propose gracieusement de garder les enfants pendant deux plongées : tout le monde est au paradis ! On ne veut plus quitter Gili ! Anecdote amusante, Bernard nous raconte que lors de la publication du guide lonely planet où son établissement figurait, ils ont fait une coquille en indiquant qu'il y avait une piscine... devant la mine déconfite des voyageurs venant le voir, Bernard a fini par succomber, la piscine décrite par le guide a ouvert ses marches il y a 15 jours.... le pouvoir d'un guide touristique.
Création: Eric Monge