Un comble : en fait plutôt une halte administrative à Papeete et pour organiser le reste du séjour en Polynésie mais nous sommes très bien accueillis à la pension Te Miti au Pk 18 (notion hyper pratique pour ce repérer dans l'île, autrement dit kilomètre 18 en partant du centre de Papeete et en longeant la côte car les noms de ville sont parfois imprononçables : Punaauia) où nous rencontrons quelques autres voyageurs, kiné en formation et autres... Franchement, Fred, Christelle et leurs 3 enfants ont crée un bel espace de partage (notamment pour le petit déjeuner), ont pris soin de nous et c'est tant mieux !
peu de photos. voir l'article sur Hiva oa
C'est dans ce bout du monde à 1500 km au nord est de Tahiti que deux personnages célèbres sont venus s'exiler : l'un pour retrouver "l'être sauvage" qu'il recherchait en lui et exprimer un nouvel élan à la peinture de la fin du 19ème siècle : GAUGUIN ; l'autre pour fuir les strass du show bizz et essayer de vaincre la maladie : BREL. Tous deux furent charmés par la splendeur de ces reliefs, la gentillesse de ces Marquisiens, qui essayent certes d'impressionner avec leurs tatouages et danses ancestrales de type Maori mais qui ont le rire facile, le tutoiement systématique, et l'envie de faire plaisir... tous deux se sont battus pour apporter le minimum vital à cette île oubliée des politiques de notre pays et de Tahiti, réputée trop nombriliste. Gauguin a littéralement invectivé les haut-commissaires de la République pour dénoncer les corruptions locales, et défendre le point de vue de la population contre celui des représentants de la colonie ;l'autre a apporté avec Jojo (son avion) un nouvel accès sur l'extérieur en transportant les malades, en amenant un dentiste et autres spécialistes pour les enfants de l'île, en offrant deux projecteurs 35 mm pour visionner sur le mur du terrain de tennis repeint en blanc.
Malgré cela, et s'il existe un Centre Culturel Gauguin, avec la reconstitution de la maison du Jouir à côté du fameux puit auprès duquel a vécu Gauguin jusqu'à ses derniers jours, c'est grâce à l'aide de bénévoles de l'île qui ont déterré à la main, au fond de ce trou béant, transformé en poubelle quelques traces du peintre. Ces même bénévoles locaux qui n'ont jamais aperçu d'originaux de ces tableaux et quand on a la chance d'entrevoir la richesse de teintes de ces tableaux, on ne peut que regretter que le Musée expose des copies aux couleurs passées ou reproductions amateures... merci cependant à eux de leur investissement hautement apprécié !
Quand aux vestiges archéologiques sur tout le reste de l'île, pas plus de subvention. La culture ancestrale a été mise de côté avec l'arrivée des évangélistes et les sites ont disparu sous la végétation et dans les mémoires ; quelques rares emplacements sont entretenus par l'hotel Pearl Lodge( Pétroglyphes), des Locaux (Vallée de Puamau) ou sont maintenant sur des propriétés privés (tombe de la dernière reine dans la pension de "Marie Antoinette" ou le "Tiki souriant") ; seuls quelques passionnés partent en exploration pour entretenir cette histoire : franchement, quel dommage ! du haut de leur cimetière à quelques mètres l'un de l'autre, Gauguin et Brel doivent se dire que depuis eux, les choses n'ont pas beaucoup changé : qui sait si c'est à tord ou à raison d'ailleurs car si les oeuvres sont alors exportés après leur découvertes sans jamais y revenir : à quoi bon ? Enfin, aucun regret d'être venus si loin pour vivre quelques jours de repos parmi cette végétation luxuriante, ces montagnes plissées qui tombent à pic, ces massifs en grande partie inexplorés (plus de la moitié de l'île), ces fleurs magnifiques et embaumées (le monoi est la spécialité) , ces couchers de soleil inoubliables (tout en contrastes de lumières et de couleurs), ces chants des coqs (souvent libres) en milieu de la nuit (particulièrement les soirs de pleine lune), ces chevaux sans selle attachés au bord de la route en attendant le retour du chasseur avec son bol d'eau, ces mets délicieux (particulièrement chez "Marie Antoinette" : le poisson cru au lait de coco, la chevrette ou le cochon sauvage, sans parler des légumes : la Ma ou fruit de l'arbre à pins, le poe poe : banane au lait de coco, la banane plantin, la patate douce... de quoi se faire éclater la panse), ces gens gracieux, élégants et charpentés qui roulent les "r", de façon non challante (non sans rappeler parfois doc gyneco), fruits de nombreux métissages (chinois, allemand, français ...) qui continuent à regarder la métropole de loin (surtout quand il fait chaud ici et qu'il neige en France), et les étrangers que nous sommes avec une distance naturelle qui inspire le respect (il n'empèche qu'il n'est pas rare qu'une voiture vous propose de vous déposer si vous marchez sur le bord de la route et que tout le monde a intégré l'utilité du téléphone portable, d'internet, et du cable). Sans oublier ces tikis inquiétants (sauf le "souriant", à noter des similitudes dans la position des mains et quelques autres détails avec les Moais) représentant les ancêtres illustres prêts des "mea'e" ou plate forme en pierre de lave pour les rituels voire pour les sacrifices (parfois humains).
Quelques sites qui ont retenu notre attention :
vallée de Puamau et site de D'Oipona : il y a de quoi de prendre pour Indiana Jones arrivant sur l'objet de sa chasse aux trésors tant l'ambiance exotique dans les brouillards (des feux d'entretien) et les raies de lumière sur les tikis évoquent les films d'aventure. Plus sérieusement on se trouve en présence d'un très beau tiki féminin allongé en position d'accoucher pour symboliser la fertilité et face aux plus grands tikis de la Polynésie (2,14 m pour le plus impressionnant), pae pae et Me'ae,
Vallée de Ta'a Oa: "le Machu Picchu" de Polynésie avec de nombreuses plate forme, tikis, pae pae (ancienne habitation marquisienne basée sur une plate forme), bols à tatouage autour d'une végétation luxuriante dont un impressionnant banian en son centre. Il semble que seul le 10éme soit apparent et que les vestiges soient cachés sous la végétation jusqu'à la falaise ; à noter une superbe plage animée en contrebas de l'église dans le centre du village,
Hanaiapa : un village perdu dans sa vallée, avec un terrain de foot très actif, les femmes regroupées sous les farés comme à l'époque de Gauguin, parfois une vague odeur de Coprah (noix de coco séchée) et des citronniers le long de la baie alors qu'on admire l'équilibre instable des surfeurs du crû, utilisée en cosmétique)
Tiki souriant : à l'aide d'un guide car complètement perdu dans la forêt avec seuls un ou deux panneaux posés par un bénévole : petit modèle mais dans un endroit qui semble riches en Meaes, sous la végétation.
Les pétroglyphes de Téhuéto : une partie est accessible à pied, l'autre nous ne l'avons pas trouvé et il semble que les guides n'y vont pas.
L'ancien cimetière avec un mélange de tombes occidentales anciennes, plus récentes et de tikis,
Reste un mystère pour Eric : ou est la croix du Sud ? le ciel a beau être clair et nous sommes équipés d'un logiciel qui reconstitue le ciel avec ses constellations en fonction des coordonnées GPS et de l'heure, mais difficile de ses repérer.
Côté pratique, à noter : une banque avec distributeur SOCREDO, un dispensaire à Atuona, une infirmerie à Puamau (dernière anecdote : pour les femmes sur le point d'accoucher, direction Nuku hiva et comme les compagnies aériennes ne veulent pas prendre de risques, elles devaient s'exiler deux mois avant le terme, maintenant négocié à un mois, pour être encadrées médicalement mais sans enfant : heureusement que la solidarité familiale existe encore aux Marquises).
Les photos
L'Atoll par excellence : le mythe du Robinson selon les guides touristiques. A 450 km au nord est de Tahiti, une bande de terre au milieu de nul part, parfois pas plus large que 10 mètres et comprenant 850 habitants : une route (créée pour la venue de Jacques Chirac) qui ne peut pas faire le tour puisqu'il y a deux passes (dont celle du Nord : 800 mètres de large,la plus large de polynésie) et des endroits inhabités où la terre s'est déjà affaissée sous le niveau de la mer : bref avec une "mer intérieure" présentant tout une gamme de couleurs au bleu, de surcroît peu profonde sur les bords donc idéale pour baigner les enfants... et la possibilité d'apercevoir des poissons exotiques du haut du premier ponton, voire des raies ou vieux requin autour des patates de corail : pas la peine de mettre la tête sous l'eau pour nos jeunes nageurs afin de profiter du spectacle.
Il n'empêche que cette réserve biosphère protégée par l'Unesco reste le rêve de tous plongeurs puisque les eaux poissonneuses attirent les gros à la sortie des passes et que évoluer sous l'eau à 28 °, avec la plupart du temps une visibilité dingue pour un spectacle digne des plus grands aquariums aussi bien en micro qu'en macro faune : le pied !
Première plongée tranquille pour se réadapter avec une variété impressionnante de poissons de toutes tailles et type d'écailles, seul comme ce poisson pilote qui accompagne Eric ou ce poisson pierre ou en bancs comme ces carangues, poissons perroquets ou ces poissons écureuils à gros oeufs planant au dessus de massifs coraliens d'une qualité exceptionnelle (attention, en deux ans ce biosystème peut être anéanti par un raz de marée, par les étoiles de mer qui en troupe s'attaquent au corail, par un tourisme commercial excessif : on dit que Fakarava est le Rangiroa d'il y a dix ans).
Seconde plongée dérivante en passe rentrante autrement appelée Ali baba au milieu d'une cinquantaine de requins gris, à pointes blanches du récif et clou du spectacle : deux raies manta au pallier en fin de plongée ! On peut aussi voir des requins marteaux voir encore des plus gros mais je suis ravie qu'ils n'aient pas montré leur bobine ! mais très fière d'avoir maîtrisé ma consommation (moins rapide que celle d'Eric pour l'occasion) devant ces pellagiques que j'ai toujours préféré observer de loin voire très loin seulement (n'est ce pas Laurence) ; les autres poissons ont défilé toujours dans le même coin sous nos yeux pour un temps suspendu dont on ne peut se lasser à vivre les instants c'est sûr mais à lire beaucoup moins (je vous épargnerai pour cette fois).
Sinon, nous vivons dans un bungalow les pieds dans l'eau et il n'y a vraiment pas foule : la plupart des pensions sont fermées : les propriétaires partis en vacances et les notres aussi ! nous découvrons que l'établissement a réouvert pour notre arrivée... et que le centre de plongée attenant est fermé : qu'a cela ne tienne, nous sommes avec le personnel d'entretien à nous faire gaver à la polynésienne : au moins deux plats principaux à chaque diner (sans parler de l'entrée) et des poissons aux tailles astronomiques : il faut alors penser à ajuster le nombre de plombs pour les plongées du lendemain (trop dur la vie sur cette île) ! Le midi, le propriétaire du snack vient nous chercher en voiture sur demande et pour la plongée, nous allons dans l'hôtel grand Luxe à l'autre bout de la plage ! Pour le village, il faut pédaler sous une chaleur un peu accablante mais l'avantage du lagon, c'est que la mer est partout ! C'est trop pour vous : on vous a dégoûtè ? alors voila les deux seuls inconvénients en ce paradis : les prix et cela surpasse toutes nos estimations ! ceinture pour les prochaines destinations ! et en cette période : les moustiques (nous sommes juste après la saison des pluies) et les serpentins, moustiquaires et autres répulsifs ne viennent pas à bout des ces colonies de moustiques qui apprécient particulièrement nos peaux blanches et moelleuses et nous font livrer des combats en pleine nuit dignes de Kung Fu Panda !
Autre excellente réputation de l'île : la perliculture. Autrefois, galvanisée par la mode dans les années 90, l'île comptait 20 fermes, il n'en demeure plus que 4 aujourd'hui ; les exportations se font essentiellement vers le Japon (qui revend à la Chine sous la dénomination : Made in Polynésie, île du Japon...) et sont réputées de très belle qualité ; nous avons suivi le processus d'extraction et de greffe sous l'oeil inquisiteur de la maîtresse de maison qui nous a assez vite conduit à sa boutique : autant dire qu'elle n'a pas fait d'affaires avec nous !
Nous repartons des couleurs marines et sous marines pleins les yeux, quelques grammes (ou kilos nous n'avons pas de balance) en plus, et évitons de justesse le rappatriement à altitude 0 vers le caisson du fait d'une crampe suspecte à ma jambe à la suite d'une plongée : rassurez vous ce n'est donc pas un accident de décompression, suite au prochaine épisode !
A noter : pas de banque ni de distributeur sur l'île, un dispensaire avec infirmière (le médecin ne vient que 4 fois l'an), un seul hôtel (accepté par le conseil des anciens) respectant l'environnement et la végétation pour éviter les bungalows sur pilotis mais des pensions chez l'habitant, attention à la consommation d'eau (bien précieux comme sur toutes les îles environnantes).
de retour à TAHITI
Cette point ci, plus une halte médicale puis qu'attendue aux urgences pour confirmer que les bleus apparus sans douleur à la suite d'une plongée ne sont pas les signes d'un accident de décompression : diagnostique d'un hyperbariste.
les photos
Création: Eric Monge