Pour être honnêtes,nous sommes un peu désenchantés par notre arrivée au Pérou.
Le voyage a certes été long : 18 heures dont Loja -> Puira de nuit en 8 heures puis Piura -> Chiclayo en 3, puis Chiclayo -> Trujillo en 4, mais les paysages au lever du soleil sont désolants : déserts recouverts de détritus, villages sans arbre ni âme, puis de longues étendues de champs à perte de vue avec un seul arrêt pour les travailleurs, puis l'entrée dans Trujillo qui nous rappelle fortement l'Inde de part l'architecture des banlieues, la poussière ambiante, les moyens de locomotion et la façon de conduire.
On pense donc s'offrir un peu de confort pour récupérer en allant dans un Pullman 3 étoiles mais surprise, on nous installe au dessus de la cuisine et à côté d'un champ de bataille de travaux en cours. Après discussion, nous montons dans les étages avec un peu plus de calme et une assez belle vue mais on est très loin des prestations Pullman en Europe. Enfin, on est pas là pour ça : on nous annonce la fête du Printemps pour le lendemain...
Manque de pot, si le défilé du matin sur la place des armes est appréciable par son côté pittoresque = chars de Miss pour chaque association puis défilé au pas militaire pour les écoles, les fanfares et autres corps militaires sur fond d'architecture typique coloniale espagnole..., celui de l'après midi tourne court car nous nous faisons voler le zoom de la caméra dans les 5 premières minutes (Eric portait Max dans les bras et n'a rien senti) et nous nous faisons pas mal bousculés pour sortir de la foule qui arrive en trombe pour apercevoir quelque chose. Finie la fête pour nous : on est pas là pour ça....
Après avoir déménagé d'endroit pour une place chez l'habitant dans un endroit plus calme, nous partons pour visiter los Huacas del Sol y de la Luna ; le climat est particulier : le soleil tape fort mais est souvent caché par un manteau nuageux, et le vent souffle très froid et humide. Dès que l'on sort de la ville, les montagnes se devinent au loin et l'ensemble garde des couleurs très monotones. Le temple du Soleil se détache mais ne peut se visiter : découvert en 1991 sous le sable, il est en cours d'exploration ; seul celui de la Lune (le plus important) se visite et nous avons le plaisir d'avoir des explications en français (certes hésitantes, la guide ne l'étudie que depuis 6 mois à l'alliance française). Cet édifice a été construit sous l'époque Moché (500 avant JC à 700 après JC) et comporte 5 niveaux de dynasties successives dans le sens que la première a établi un niveau de base que la seconde a recouvert entièrement en élargissant le tout d'au moins 5 mètres et ainsi de suite jusqu'au 5ème niveau visible. Seule l'élite avait accès à ce temple soient les dirigeants, prêtres et guerriers (transmission de pouvoirs de façon héréditaire) et le peuple était installé au pied des temples. A l'époque, la rivière alimentait en eau les populations et les cultures. Le cours de celle ci a été dévié par la suite. Le peuple présentait des offrandes aux gouverneurs qui transmettaient aux niveaux hiérarchiques supérieurs jusqu'au roi ou reine. Des sacrifices humains étaient effectués sur des prisonniers de guerre ou des membres proches du pouvoir pour calmer les tempêtes ou favoriser une fertilité. A noter, les murs ne sont que d'un bloc pour prévenir les risques sismiques. Ils étaient recouverts d'un motif propre au temple (=signature) en relief et en couleur (blanc/brun/noir/jaune) reproduits tout du long. Lorsqu'un Dieu était représenté, il pouvait y avoir sa déclinaison dans toutes les émotions qui lui étaient affectées : joie, colère, tristesse... le lendemain, un petit tour au Musée archéologique complète nos informations ; La préhistoire est considérée comme la période pré-céramique, suivent les dynasties Salinar, Copisniche (présentant des céramiques aux proportions forts gracieuses), Moche, Michu jusqu'au 15ème siècle : l'invasion des incas puis la conquête espagnole...
Chan Chan est un complexe très important en terme de surface et d'organisation datant de l'époque Michu et qui est le point phare de nos visites dans la région. Nous ne sommes déçus que par le fait qu'ils n'ont pas cherché seulement à restaurer les murs mais reconstruits ceux ci avec un travail d'interprétation que l'on ne trouve dans aucun autre temple.
Seule une petite partie est visitable à l'heure actuelle et nous souhaitons revenir d'ici quelques années pour avoir un vue complète des découvertes.
Le temple d'Esméralda est plus authentique et lié à la culture Chimu et perdu en pleine ville ; ses dimensions : 65 m de long et 41 de large décorés de motifs géométrique et zoomorphes.
Celui de Arco isis (ou du Dragon) de l'époque Chimu est plus intéressant en terme de motif. Cette pyramide a été construite sur une durée de 100 ans.
Nous avons ainsi vu de long en large le coeur de la ville (système de numérotation à l'américaine avec les centaines qui changent à chaque quadra ou pâté de maisons). Trujillo possède un second nom : Libertad car c'est la première ville a avoir déclaré son indépendance à l'Espagne en 1820 dans la superbe "Casa de la Emancipacion". Cependant, l'architecture espagnole lui donne encore beaucoup de charme : dommage que nous ne nous sentions pas en sécurité surtout passé 18H quand la nuit tombe.
Nous partons donc nous reposer dans une ville limitrophe appelée Huanchaco le long de la mer ; c'est suû, il y peu de touristes en cette époque et cela ressemble plus à une station balnéaire à l'abandon avec juste quelques fans de surf qui s'essaient aux rouleaux dans une eau trop froide pour nous et restent béa devant les films projetés dans notre hôtel sur les vétérans de ce sport dans les années 80 avec les spots d'Europe et d'Océanie. Mais c'est un endroit plus calme à nos yeux et le Pisco Sour y est très bon (apéritif local pour réchauffer les surfeurs que nous sommes bien sûr...).
La capitale du Pérou nous rappelle quelque peu la nötre pour son périphérique, la conduite qui y est musclé et les grandes tours
type "la Défense" mais nous sommes logés dans un endroit un peu excentré et emprunt de nostalgie : El Barranco. La maison chez l'habitant accueille très bien même très tôt le matin (nous arrivons par le bus de nuit à 7 h 00 et l'équipe se met en 4 pour répondre à nos questions d'ordre touristiques. Les enfants découvrent l'antique version du téléphone avec Johanna, notre hôtesse qui essaie tant bien que mal de comprendre tout ce que ces grands bavards lui racontent : ils sont aux anges !
Après avoir tenté à plusieurs reprises d'atteindre la mer par des ruelles bourgeoises mais gardées de jour comme de nuit, nous atteignons notre but via Trojillo : la plage des pauvres ou des gamins s'enterrent habillés dans le sable, alors que d'autres luttent contre la marée et l'eau froide sous l'indifférence des parents. Nous ne nous baignons pas sauf Léo qui est très fiers de défier les vagues pour apprendre à nager. Nous revenons par le quartier des restos certes très touristiques mais romantiques à coté du pont des soupirs.
Capitale du Pérou indépendant, Lima ressemble aussi à l'Inde pour ces faubourgs mais la place des Armes se fait plus occidentale avec des constructions de type anglais comme le Palais du Gouverneur et corinthien pour la Cathédrale (visite payante 10 soles).
le Monastère San Francisco cache un musée de la ville avec une superbe bibliothèque, un dôme en marqueterie de type byzantin et une cour carrelée en style italien datant du XVIème et XVII siècle ; moins esthétiques mais intéressants : les catacombes qui n'ont pas du tout impressionnés les enfants pensant voir des os de dinosaures. Nous n'avons pas poussé la visite au Musée de L'inquisition qui témoignent des processus de tortures sous cette glorieuse époque. Un petit tour au Musée de la culture péruvienne et nous découvrons les pièces du folklore local. Une ballade dans le jardin des expositions avec un côté un peu French Touch des palais d'expo et des statues façon Versailles mais ce qui a le plus marqué les enfants, ce sont les dinosaures en cartons pâte du parc à côté.
Le complexe archéologique de Pachacamac se trouve à 31 km sur la Panamericana Sur (au sud de Lima), le centre cérémoniel le plus important de la côte péruvienne pour l'époque antérieure aux incas et construit par la dynastie Lima : notamment le Temple du soleil qui surplombe la mer, et d'où parte un réseau très élaboré de canaux fluviaux pour alimenter les terres, et les hommes ; et le Tauri Chumpi, juste devant les bidonvilles de banlieue.
Nous ne pourrons pas visiter le Musée de la Nacion car un grand chanteur vient de disparaître et nous nous trouvons à faire la queue non pas pour le musée mais pour rendre hommage à sa dépouille, présentée exceptionnellement en ces lieux.
Nous nous rendons alors au Huaca Huallamarca: une pyramide en pleine ville, bâtie sous différentes époques par les cultures Lima, Wari puis Inca.
Cependant, les huacas Pucllana et Juliana sont plus importants et de factures complètement différentes avec un système de superposition de briques. Ce sanctuaire s'est développé entre 200 et 700 après JC. Ils servent aujourd'hui de décors pour des manifestations et spectacles musicaux.
Juste avant de partir, nous passons par le Parque del Amor avec ses mosaïques colorées et ses statues de vaches regardant la mer.
En avant pour les énigmes planant autour des immenses dessins au sol de ces lieux mythiques.
Pour une fois, nous apprécions les paysages sur la route entre mer et montagnes désertiques.
Nous sommes accueillis par une marée de commerciaux qui nous suivent pour nous vendre leur tours en avion, hôtels, restaurants et arrivons à bon port escortés d'un garde de sécurité du quartier jusqu'à l' Hôtel Oro Viejo ou, comble de bonheur, il y a une piscine pour rafraîchir les enfants car nous sommes dans une zone désertique et la température monte très vite. Enfin, le ciel est bleu et les couleurs sont ici plus vives. Le centre ville est aussi plus animé. Bref, une ambiance très sympatique, dommage que Monsieur Maxendre ait les fesses si rouges qu'il ne supportent plus les crèmes, antiseptiques, eau... et nous devons laisser Léo et Eric au Planétarium de l'hôtel Nasca Lines car Max ne peut rester longtemps assis,
.... mais ce fût une belle présentation (45 mn, 7 soles / pers) en introduction au vol du lendemain. Après une nuit courte, réveil par Monsieur Max en fanfare à 5 h, nous partons à l'aéroport et accrochons notre estomac à ce que nous pouvons pour pouvoir regarder, photographier et filmer tout ce que nous voyons de ce petit avion qui se balance au dessus des fresques de Nasca. Beaucoup d'hypothèses ont été avancées, aucune n'est à l'heure actuelle certifiée mais on imagine le travail titanesque de Maria Reiche qui, avec son balai, a entrepris méticuleusement de nettoyer ces traces au sol et de les étudier pendant 50 ans. Ces graphismes ont été laissés par des auteurs inconnus, en retournant les pierres et faisant apparaître la couche inférieure de la terre de couleur jaune. Léo debout derrière le pilote, très à l'aise, a joué à l'explorateur en cherchant toutes les figures à partir d'un plan donné au départ, pendant que Max n'appréciant pas nos cabrioles, s'endort une tétine dans la bouche (et récupère, pour sa part, le manque de sommeil).
Avant de partir pour Aréquipa en bus de nuit, nous faisons halte au Mirador qui permet de scruter "l'arbre", "le lézard" et "les mains", intéressant pour étudier les lignes en proximité directe. Nous faisons la connaissance d'une Famille espagnole très sympa avec leur fille de 5 ans : les garçons sont timides mais nous apprécions cet échange d'informations et de point de vue.
Voila une belle étape. Cette
ville signifie "on s'arrête là" en Quéshua, sous l'époque Inca et on les comprend. Au coeur d'une vallée surplombée par 3 montagnes impressionnantes dont un superbe cône nommé
Chachani (qui fut enneigé), elle a su conserver beaucoup de charme et une ambiance détendue. Autrement appelée la ville blanche en raison de la pierre volcanique utilisée notamment pour les façades de la Plaza de Armas, elle n'en demeure pas moins riche en couleurs grâce au Monastère Santa Catalina tout en bleu, brique et blanc, qui s'est modifié au fur et à mesure des époques, des séismes et parait, par son importance, comme une ville dans la ville.
Nous devons nous habituer de nouveau à l'altitude (2300 m) mais également à la pollution du trafic routier et prenons des forces dans le jardin de la Casa de Avilla avant de repartir à la découverte des environs.
Une petite révision au musée précolombien de San Augustin, pour savoir ce qui pu inspirer les Incas d'un point de vue artistique avec toutes les civilisations déjà rencontrées dans le Nord du Pérou : Salinar, Coquinique, Moche, Chimu, Lima, Nasca et de superbes momies très bien conservées datant de 1200 ans avant JC.
Grâce au I Péru (centre d'info touristique péruvien très bien organisé), nous découvrons pour l'immense joie de Léodagan un Parc de Dinosaures (depuis le temps qu'il en rêvait) avec pleins de jeux pour enfants de type tobogans, tranpolines, châteaux... Autant dire que nous ne pouvions plus en partir !
Sur les recommandations de nos amis autrichiens rencontrés aux Galapagos, nous voilà partis pour découvrir le Canyon de Colca avec un nouveau record d'altitude avec un passage obligé à 4900 mètres. Malheureusement, le plus économique est une version en groupe très touristique : nous nous déplaçons en petit bus et sommes stoppés pour faire des photos ciblées, non loin des vendeurs locaux, en habits traditionnels, prêts à se faire prendre en photos contre rétribution.
Nous nous approvisionnons donc et machons bien sûr quelques feuilles de coca (et caramels au coca pour les enfants) pour résister au choc, ce qui nous fait beaucoup rire car le sourire version coca est des moins gracieux (dents toutes vertes à moins que ce ne soit déjà un effet secondaire que de rire de la sorte).
Le Parc Nacional de las Salinas Blancas est intéressant pour approcher les Lamas, domestiqués et gardés par de bergers, les Alpagas, domestiqués et avec une laine de meilleure qualité et le nec plus ultra côté lainage avec les Vicunas (vigognes) à l'état sauvage.
Après cela, nous découvrons les joies des Aqua Calientes ou piscines d'eau chaude de sources naturelles que nous pensions aux alentours de 25 degrés et se révèlent être de 35 à 38°. Les enfants s'éclatent et nous sommes assaillis de questions par des collégiens d'Aréquipa.
Nous retrouvons les Espagnols qui se font dorlotés par un massage local et ont trouvé une solution pour voyager par leur propre moyen : on les envie mais nous devons partir : le groupe nous attend...
Petit bémol à ce cadre de rêve entourée de montagnes des plus abruptes (jeunes) et un coucher de soleil aux couleurs forts esthétiques comme tout ceux que nous avons vu dans la région, les touristes et les locaux ne se mélangent pas et chacun est parqué dans ses piscines respectives...
Nous faisons une halte à 3100 m pour reprendre des forces, ce qui est nécessaire pour nous car Eric a le "Soroche", le mal des montagnes avec une migraine à se taper la tête contre les murs et deux passages obligés aux toilettes fort peu agréables.
Après une injection et 10 minutes d'oxygène administrés par le docteur local, tout devrait rentrer dans l'ordre et nous déclinons l'offre d'un spectacle de danse trop touristique pour nous reposer tranquillement à l'hôtel (ne pas hésiter à réclamer la qualité et le descriptif des chambres convenu avec l'agence sur le voucher car la réalité est souvent tout autre dans la mesure où la communication ne passe pas toujours).
Petit réveil à 5 heures (pas de problème pour les enfants couchés tôt la veille) pour un départ à 6 afin d'observer l'envol des condors du fond du canyon vers les cimes des montagnes en profitant des courants ascendants d'air chaud après l'apparition du soleil (à 6 heures du matin).
Après 30 minutes de marche, nous sommes exténués : Eric n'a pas entièrement récupéré de la veille et je porte Maxou dans le dos au rythme de Léo et là, comme on pouvait s'y attendre, le groupe ne nous attend pas... Il faut dire que nous ne sommes pas les seuls a avoir cette idée et les bonnes places sont chères pour les photographier mais le balai de ces monstres sacrés au dessus de nos têtes nous fait tout oublier, même l'air du "el condor pasa"... sur le retour, nous profitons des paysages grandioses et du courage des populations locales qui perpétuent les traditions par la culture en terrasse, le culte aux anciens (les cimetières sont dans des grottes à mi hauteur des falaises pour être face au soleil, le Dieu Inca par excellence), les delta de températures entre le jour et la nuit, et les distances à parcourir en montagne avec le manque d'air...
Nous reviendrons j'espère quand les enfants seront plus grands pour faire des trecks et pousser un peu plus loin l'aventure en espérant que ces populations n'auront pas toutes disparues, séduites par le confort urbain mais comment leur en vouloir...
Nous enchaînons le retour de l'excursion au canyon de Colca avec le départ pour Cusco de nuit par bus (compagnie CIAL 90 soles en cama = position allongée) et arrivons à 7 h dans cette jolie ville à 3400 m d'altitude, toute de couleur brique. Après un petit déjeuner et avoir erré dans la ville pendant 3 heures, plus une heure d'attente supplémentaire pour nettoyer la chambre, nous haussons le ton à l'hôtel car ici, le temps passe... cela importe peu d'être à l'heure mais les enfants fatiguent, sont de plus en plus excités et nous avons besoin de nous poser.
Cusco ou "le nombril du monde" pour les incas est une ville sacrée qui fut le berceau de l'empire à son apogée. Elle fut détruite par un tremblement de terre en 1650 et reconstruite selon un nouvel élan artistique soutenu par le mécène Mollinedo privilégiant le métissage des cultures incas, espagnoles tant dans l'architecture, le travail du bois et de la peinture.
Pour nous, c'est une ville à taille humaine, mais avec beaucoup plus de touristes (proximité du Machu Picchu) ; Il n'y a pas de travail pour tout le monde et on le sent : plus de mendiants, de démarchages dans la rue attirés par les visiteurs que nous sommes...
Après une visite au Musée de l'Art précolombien (30 soles mais les vaut bien), nous rencontrons deux françaises forts sympas et échangeons sur notre perception de la ville, du Pérou et du fameux boleto turistico qui oblige à débourser 130 soles pour accéder à 16 sites dont la vallée sacrée, sachant que l'on peut oublier les accès de façon unitaire. Autrement dit: nous n'avons pas le choix; c'est ça la dure vie de vache à lait...
Nous l'achetons donc et visitons les musées proposés en ville, rigolons jaunes sur les rénovations apportées : pose de spot dans les vitrines sans bouger les antiquités à l'intérieur, d'où une poussière résiduelle sur ces dernières dans le Musée del sitio de Qorikancha. Nous sommes impressionnés par les crânes exposés en ce même lieu qui soutient la thèse déjà entendu que les élites de civilisations pré incas cherchaient à allonger leur crane en en aplatissant l'arrière. Nous passons en tout un quart d'heure dans le Musée des Arts populaires dont le seul intérêt est de voir les photos d'archives pour découvrir le site du Machu Picchu sous la végétation comme il l'était à sa découverte par un occidental, et la ville avec son expansion depuis le début du 20ème siècle.
Et puis, le soir, nous commettons l'irréparable, l'inadmissible mais depuis le temps que nous en entendions parler ... nous commandons une des spécialités du Pays : le Cuy soit un adorable cochon d'inde rôti à souhait pour nos bons soins ! en fait, on ne peut pas dire qu'on se soit régalés car comme vous pouvez l'imaginez, ces bestioles n'ont quasiment que la peau sur les os mais bon ce fut une aventure mémorable sachant que la patronne nous avait recommandé de tout manger (peau, tête et j'en passe et des meilleurs). Eric s'est quand même régalé avec la cervelle qui n'est pas sans rappeler celle d'un lapin !
Enfin, nous sommes prêts pour une étape primordiale de notre passage au Pérou : Le Machu Picchu. L'accès n'y est pas simple : nous prenons le bus pour Ollantaytambo (15 soles par personnes à partir du terminal), puis pendant que certains partent pour l'Inca Trail (4 jours de marche), nous préférons le train pour Agua Calientes (par Pérurail, résa par net recommandée, avec vistadome). Nous rencontrons d'abord 2 français aventureux ayant fait un treck mémorable de 2 jours à Choquequiroa dans le site Inca le plus récemment découvert (4 ans) et en cours d'exploration, donc quasiment vierge de touristes comme nous (nous verrons des photos splendides de ce site avec des représentations de lamas incrustés dans les murs des terrasses) puis un groupe de jeunes qui prévoit l'ascension du Machu Picchu puis du Wayna Picchu (la montagne surplombant le domaine).
Pour notre part, nous ne sommes pas sereins : endormis avec le tonnerre, réveillés à 2 heures du matin par des trombes d'eau, nous émergeons comme convenu à l'aube (4h30) espérant que cela se calme et que nous puissions prendre le premier bus de 5h30. Il pleut toujours dru et préferons ronger notre frein jusqu'à l'arrêt des gouttes pour arriver sur le site à 7H00 où ô miracle, les nuages remontent les montagnes abruptes environnantes. Pas de soleil, mais pas de sol glissant non plus (notre principale crainte).
Nous commençons par surplomber les ruines pour s'en mettre pleins les yeux et mettons un certain temps avant de réaliser que nous sommes ailleurs que devant une carte postale.
En quéchua, ce site signifie "vieille montagne" et fut une cité inca d'importance du XV ème siècle, supposée sous le règne de Pachacutec, neuvième Inca, grand stratège militaire, surnommé "le réformateur" ; il initia l'expansion fulgurante du grand empire inca en conquérant au nord, les Chimu (voir trujillo) et au sud jusqu'à Nasca.
Cette cité sacrée fut désertée à l'époque des guerres contre les conquistadores qui ne connurent d'ailleurs pas son existence. Elle fut oubliée pendant des siècles ; ce fut un américain qui, sur les indications des indigènes, dévoila au monde cette merveille en 1911.
Nous nous mettons en tête d'escalader le Wayna Picchu ("jeune montagne" en Quechua, ou le nez si l'on peut imaginer le site global comme un visage) mais sommes vite dissuadés par les français rencontrés la veille, au taquet depuis 4 heures du matin, ayant brillamment réussis la montée et la non moins difficile descente pour être devant nous à 11h30. Un autre couple nous souligne les dangers compte tenu de la pente d'y aller avec les enfants. Pas de regrets, nous arrivons au check point en 503 position et le site est limité à 500 personnes : nous reviendrons un jour, avec ou sans enfants !
Nous prenons tout notre temps dans ces quelques 140 constructions entre habitation et temple du soleil, y compris celui d'une petite sieste pour les enfants dans les ruines au calme, pour repartir vers 16h30 après le premier rayon de soleil.
Difficile de repartir mais les droit d'accès sont trop chers pour nous permettre de revenir le lendemain.
Retour à Ollantaytambo pour visiter le site archéologique et ses pentes vertigineuses (une petite pensée pour Hélène : c'est pas pour toi), puis continuons la vallée Urubamba appelée « Vallée Sacrée des Incas ». Cette dernière a peuplée durant l’époque inca, un centre stratégique militaire, religieux et agricole. Sur les flancs des montagnes, sont édifiées d’importantes forteresses qui contrôlaient l’accès de la vallée et la protégeaient des possibles invasions. Les ruines de Urubamba sont minuscules mais ont un certain charme pittoresque, comme le village et la place. Les enfants sont fatigués : nous rentrons à Cusco.
Une journée pour nous retaper, défouler les enfants dans un parc et profiter du Musée Inca (nous ne verrons décidément pas les masques en or, ils ont été envoyés au Musée de la Nacion à Lima), des processions sur la place d'armes et d'un spectacle de danses folkloriques avant de repartir pour le tour des autres sites de la vallée sacrée:
Saqsaywaman: temple aux griffes de puma,
Q'enqo: signifie "zig zag" comme les rigoles et les tunnels aménagés entre deux blocs monumentaux de lave, le tout formant un sanctuaire de culte ou Intihuatana (lieu d’adoration au soleil selon le rite lié au solstice) avec célébration des rites à base de chicha (bière de maïs) ou peut-être de sang,
Punkapukara: forteresse rose qui garde la vallée de Cusco,
Tambo Machay: disposition de type polygonale pour ces bassins, aqueducs et fontaines sacrées qui sert encore de culte à l'eau de nos jours.
Pisac: superbe structure incas : La première partie composée des maisons et greniers de cette ancienne forteresse avec de magnifiques terrasses agricoles en courbes qui épousent parfaitement la structure de la montage et empêchent ainsi son érosion. La deuxième partie du site est composée d'édifices sacrés. La différence est flagrante au travers des pierres parfaitement taillées pour former des bâtiments harmonieux, ainsi que la présence de nombreuses niches d'offrandes,
Moray: laboratoire d'expérimentations agricoles inca sous forme de terrasses concentriques qui produisent différents microclimats permettant de tester la résistance des plantes à l'altitude,
Chinchero: terrasses à côté d'une belle église de style Cusquéen et d'un non moins charmant marché surtout au coucher du soleil.
Le tout pour 120 soles en Taxi pour la journée, nous nous en mettons plein la vue et sommes gavés de temples incas...
Les photos
Après un petit scandale auprès de la compagnie de bus (nous ayant refilé pour 25 soles des billets d'une autre compagnie, pour un trajet en réalité non direct et pour un prix imprimé de 15), nous oublions vite ces désagréments car la route entre les deux villes est superbe et la pluie qui s'annonce (nous passons en saison humide) agrémente le plateau andin à presque 4000 mètres d'altitude de couleurs et de contrastes splendides qu'il nous est malheureusement très difficile de photographier du car aux vitres sales et sans fenêtre (nous étions pourtant renseigner pour louer une voiture mais trop chère pour notre budget : prix de base 80 dollars) : nous reviendrons donc sur les hauteurs de Pukara !
Puno est la capitale en quelque sorte des rives péruviennes du Lac Titicaca (en Quechua "Puma de Pierre") et nous n'avons pas de difficulté à nous loger pour des prix modiques car les touristes sont ici beaucoup plus rares (60 soles au lieu de 55 dollars, taux de change : 2,8). Si la vue sur le Lac n'est pas à couper le souffle, et les rives pas des plus écologiques (= pas la priorité économiquement parlant ici), la lumière est cristalline et nous allons visiter les ruines pré incas de Sillustani : situées à 34 km de Puno, c'est une des zones archéologiques les plus grandes d'Amérique. Les Chullpas, impressionnants monuments funéraires qui s'y trouvent et qui ont été construits par les Collas, mesurent plus de 12 mètres de haut. Véritables cocons, ils renferment les momies et sont différentes en fonction du statut hiérarchique du défunt. Le paysage environnant rappelle pour un peu l'Ecosse et ses highlands, avec ses lacs, en moins verts au demeurant.
De retour à Puno, nous nous arrêtons pour visiter une ferme typique de la région et nous préparons à nous d'embarquer pour les îles dès le lendemain.
Le tour est organisé (aucune possibilité de circuler d'île en île autrement, 60 soles pour deux jours par l'hôtel) ; nous sommes d'abord ravis de rencontrer le peuple Uros, vivant sur les îles flottantes (après avoir coupé les tiges de Totora à leur base, ils recouvrent les racines de deux mètres de roseaux avant de construire leur huttes en pointe pour la version traditionnelle, en base carrée pour la version moderne : plus spacieuse) et testons leurs embarcations en même matériau pour leur stabilité avant de se voir présenter tous ce qu'ils leur est possible de vendre et de se faire saluer, dans une dernière danse, pour nous faire tristement rappeler que nous ne sommes que des touristes de passage. On peut plus légèrement noter que sur le Lac Titicaca, les bateaux à moteur n'ont pas le feu au Lac (15 km/heure de moyenne) et nous arrivons pour déjeuner à 15h30 chez l'habitant sur l'île de Amantani. Menu frugal à la clé, pour ces agriculteurs et éleveurs, pas encore tous équipés d'électricité (notre famille l'a depuis seulement 3 ans, à partir de panneaux solaires pour la modiques somme de 600 dollars). Fatigués par notre ascension en haut du village, ce qui amuse notre hôtesse continuant à marcher en tricotant comme si de rien n'était, je reste avec les enfants au village pendant qu'Éric explore les temples de PacchaTata dans les hauteurs du volcans. La vue sur les monts enneigés est superbe et nous nous retrouvons pour un dernier repas (essentiellement soupe au quinoa) avant de sombrer dans le sommeil. Nous faisons l'impasse sur la soirée folklorique et son manège de politesse un peu forcée, car lié au tourisme organisé. Nous avions prévu beaucoup d'affaires pour lutter contre le froid mais notre hôtesse a prévu pas mal de couches de couvertures : 4 au total, on devrait survivre. Petit dej continental mais nous devons déjà repartir, le bateau attend : dernier au revoir et nous voguons sur un lac un peu plus agité que la veille : ce qui ne dérange pas les enfants (merci l'entraînement aux Galapagos) mais les autres membres du groupe plus sûrement !
Pas mécontents d'arriver sur Taquile et son petit côté méditerranéen avec ses eucalyptus, ses lauriers, ses cultures en terrasses et le folklore préservé par les habitants tant d'un point de vue vestimentaire (costume traditionnel pour la grand majorité tant il est vrai que l'île est réputée pour l'artisanat textile) que linguistique (essentiellement le quechua) que pratique (pas de voiture, encore moins d'électricité et ici, pas d'hôtel, hébergement à la bonne volonté de l'habitant). Le chemin est escarpé et culmine à 3950 m d'altitude mais il ne faut pas traîner ; le guide nous fait manger cette fois ci à 11 heures pour repartir peu de temps après vers l'avant de l'île et rejoindre le bateau. Les paysages sont magnifiques. Nous remettons les pendules à l'heure à notre guide assez pressé de rentrer le plus vite possible à Puno soit 15 au lieu des 16 heures vendue par l'agence. Nous recevons le soutien de deux français qui ont essayé de rester plus longtemps dans les îles et se le sont vu refusé par l'organisation touristique bien huilée des tours opérateurs et ont été contraints de rejoindre notre groupe pour les découvrir par les sentiers officiels. Les autres membres du groupe ne semblent pour leur part pas préoccupés de perdre une heure précieuse sur ces îles... dommage, nous ne faillirons pas à la tradition française de râler quand on est pas satisfaits.
Nous prévoyons de revoir les français pour les étapes suivantes...
Création: Eric Monge